Anonyme

Publié il y a plus de 3 ans

Mon hypersensibilité m'a amené, par quelques aléas, à une dépression. Voici un petit discours avec moi-même, compte rendu théâtral d'une situation qu'à personne je ne souhaite et comment, par mon bon sens, je m'en suis sorti. Attention tout de même, c'est très sombre.

Au sortir de l'abîme

Au fond d'une abîme obscure et insondable
Naquit un bourgeon, fané dès son plus jeune âge

Quelle est donc cette bouture, qui dans ce sol non arable,
De sa seule façon, germe ainsi en ces parages ?

Qui donc n'a à ce point plus de chemin
Qu'en ces limbes perdues est venu projeter ses seuls desseins ?


Moi ! C'est Moi... Seul parmi le grand Rien...
Seul au monde... Ce n'est même pas là la vie d'un chien !

Perdu et aveugle, personne désormais ne daignera éclairer mon chemin
Quelle onde abreuvera à présent mon salut ? Car celle de mes yeux ne me sert plus à rien

Tout est si sec, noir et froid
Mon coeur s'enserre de lames pleines d'effroi

Sanglots, pleurs et larmes
Cris de douleurs que quiconque n'alarment

Sont les derniers signes d'une humanité
Que je crains, à jamais dévastée...


Tais-toi donc, imbécile !
Ouvres les yeux, tu n'est point dans un chenil !

C'est dans ta tête que se trouve ton supplice
Illusion sournoise, plus sombre que tous les vices


Qui ose ce ton au combien insolent ?
Montres-toi ! Ose venir en mon devant !

Ou laisses-moi seul et détales
Peu m'importe. Fais en sorte que ton premier coup soit fatal


Arrogance, arrogance !
Telle est donc ta seule substance ?

Je te vois bien, moi
Et toi, pourquoi ne me vois-tu pas ?

Perdu au milieu de ta fange tu ne ressembles plus à rien
Misérable créature oubliée même du destin


Cesses-ce discours dans l'immédiat !
Pourquoi vouloir à ce point mon désarroi ?

N'as-tu pas honte de mettre ainsi en déroute
Une âme déjà ravagée par le Doute ?


Si tu savais seulement pourquoi je suis là
Tu te demandes, je le sais : ''Mais qui est donc celui-là ?''

Ouvres les yeux et vois
Car je suis ici, bien en face de toi


Non ! Mes prunelles resteront closes à jamais
Trop de misères, quand ouvertes, furent arrivées

Le malheur trop souvent s'abattit sur mon être
Frappant en mon dos tel un coup de traître

Cruelle est ma destinée
Plus jamais on ne me reprendra à rêver


C'est donc la Peur qui ainsi t'enlace
Comptes-tu rester comme cela jusqu'à ce que tu trépasses ?

Pauvre imbécile ! Oui, je me répète
Et encore une fois je te le dis : tout cela est dans ta tête !

Qu'en est-il advenu de cette âme si vive
Toujours prête à se porter sur une autre rive ?

Serait-elle morte
Ou transformée en vulgaire cloporte ?

Non, elle bien est là, je la sent
Figée dans l'effroi et cela à tes dépens

Comprends bien que les chaînes et les liens qui t'enserrent
Il ne te suffit que d'un geste pour les faire tomber à terre

Il n'en tient qu'à toi
Que de te lever et de partir tout droit

Fais-le ! Et arrêtes de geindre !
Tes suppliques ne pourront jamais m'atteindre

Et non, je ne te laisserai pas tranquille
Je te préviens, toute fuite est inutile

Tu ne te débarrasseras pas de moi, jamais
Car nos destins pour toujours sont liés


Arrêtes ! Arrêtes de me torturer ainsi !
Laisses-moi seul, ne vois-tu pas que je péris ?

Abandonnes-moi comme j'ai abandonné la Voie
Car maintenant plus rien je ne perçois

Et mon âme dans ces bas-fonds
Trouve enfin la quiétude que tous nous courrons


Tu oses me parler de quiétude !
Alors que ta condition ne laisse plus même place à l'étude !

Lèves-toi pauvre fou
Ou prépares-toi à la fureur de mon courroux

Car même si j'en deviendrai las
Je te poursuivrai jusqu'à Notre trépas


Tais-toi !
Ne comprends-tu donc pas ?

Je me meurs
Quand bien même ta présence de quelques heures

Ne changera rien à mon destin
Finir ici, de froid ou de faim

Et de quelle effronterie tu te permets
Quand de ''Notre trépas'' tu parlais ?


Ha ! Nous y voilà
Enfin un peu d'orgueil que je perçois

La Mort dans l'âme
N'est ainsi pas la mort de l'Âme

Vois-tu, je comprends ce que tu ressens
Mais, crois-moi, c'est un tout autre destin qui t'attend

Personne jamais ne viendra
Pour te pousser dans l'au-delà

Quand à toi, non plus, tu ne le feras
Comment je le sais ? Parce que je suis Toi

Les aléas de la Vie sans cesse renouvelés
Ta sensibilité exacerbée et la dérive de tes pensées

T'ont poussé au fond de ce gouffre
Dans lequel je vois bien que tu souffres

Mais je représente la Raison de tes Idées
Vérités absolues que toujours tu as recherchées

Je ne te laisserai pas baisser les bras
A jamais je serai là


Que veux-tu dire ? Je ne comprend plus
Je me sens si seul et à jamais perdu

Y aurait-il un espoir
D'être seulement le dupe d'un jeu de miroirs ?

Tu disais ''c'est dans ta tête''
Expliques-moi encore, je voudrais que tu le répètes


Le destin ne nous a pas donné un rôle facile
Emotivité et rigourosité est parfois un mélange difficile

Certains événements ont poussé l'un par dessus l'autre
C'est pour cela que tu te sens écrasé comme un simple grain d'épautre

Mais n'aies crainte, ce n'est qu'un passage
Car la Raison est là, porteuse de messages

La peur peut être bonne conseillère
Mais la terreur, elle, n'est que mégère

Aies confiance et suis-moi
Abandonnes-toi à moi et n'oublies pas, je suis Toi


Merci de ta sagesse, j'ouvre les yeux
Ainsi donc le monde n'est pas si hideux

Comment à ce point ai-je pu perdre conscience ?
Je sais bien que l'univers n'est pas que sciences

Mais une telle détresse, un tel désarroi
On ne peut que le vivre au plus profond de Soi

Spectre immonde de frayeur et d'effroi
Je te banni ! Restes à jamais au loin de Moi !


Dans ces limbes putrides, capharnaüm d'immondices
Je te laisse pourrir pour que plus jamais tu ne sévisses

La Raison l'emportera toujours
Et ce, jusqu'à la fin du dernier jour


C'est bien, je vois que tu comprends
Maintenant partons, allons-nous en

Retrouvons-nous dans la Lumière
Et soyons forts comme un seul Être

La Vie est pleine de Doutes
Mais désormais c'est la Raison que tu écoutes


----------------------------------


Ce petit texte, ersatz de poésie, je l'ai écris durant la nuit du 17 au 18 juillet 2020, quelque part entre 20h et 2h du matin.

Ce fut un retour sur une sombre période emplie de doutes, datant d'environ 4 ans, et sur comment je l'ai gérée en faisant le point sur moi-même (ainsi qu'avec l'aide de proches, mais là n'est pas le sujet abordé ici). Ce n'est peut-être pas là la meilleure méthode mais elle a le mérite d'être à portée à tout moment.

Pas la meilleure méthode donc, car oui, des séquelles sont encore présentes par moment. Il faut du temps pour tout, même pour se rendre compte que j'aurais peut-être du chercher de l'aide ailleurs et plus tôt. Mais bon, le passé étant ce qu'il est, place désormais à l'avenir.

Cela faisait quelques temps que je voulais écrire sur ce sujet, voilà qui est fait. Il est toujours délicat de se replonger ainsi dans ses troubles les plus profonds, mais je pense (je sais) avoir aujourd'hui assez de recul pour y rester en marge et observer tel un spectateur. Peut-être me remettrais-je à l'ouvrage une autre fois, si l'envie m'y prend. Car, pour un contenu plus détaillé, il faudrait écrire plus d'un roman.

Oserais-je rappeler au lecteur qu'il s'agit d'une mise en scène théâtrale de mon vécu et n'est donc pas à prendre au pied de la lettre.