Anonyme

Publié il y a presque 8 ans

A vif

J'avais déjà posté un témoignage il y a un moment sur ce site, racontant
dans les grandes lignes mon parcours de vie en tant qu'hypersensible. Je
sens aujourd'hui que j'ai besoin de reparler un peu de mes émotions,
après avoir lu plusieurs autres témoignages dont certains dans lesquels
je peux bien me reconnaître.

Malheureusement, je suis aujourd'hui à un point où j'éprouve presque de
la colère envers cette hypersensibilité et ce qu'elle m'a amené dans la
vie. J'ai été diagnostiquée comme ayant un trouble anxieux généralisé
sévère, doublé d'un trouble panique et de TOCs, et je sais que ces
problèmes me viennent de ma sensibilité toujours exacerbée, à vif. A
force de toujours tout absorber, encaisser les chocs émotionnels
provoqués par des choses d'apparence anodines, être bouleversée par tout
et rien, j'ai l'impression que mon cerveau a totalement déconnecté et
est en état de sur-fragilité. Ce que j'arrivais à faire avant, je ne le
peux plus. Ce que je supportais avant, je ne supporte plus. Prendre le
bus est pour moi un calvaire car les bruits, la présence autour de moi,
le mouvement me sont insupportables. Même chose au travail (je travaille
dans un milieu où je suis toujours entourée de monde, en contact avec
tous, et où je dois feindre un dynamisme et une joie constante).

Il n'y a que la nature qui m'apporte du réconfort et du calme, mais
c'est difficile de trouver un moment pour y aller et surtout y rester.
C'est agréable sur le moment, mais ensuite c'est retour en ville avec
tout le bruit, la saleté, la foule qui en découle.

Je suis fatiguée de cette société où tout va toujours vite, où il faut
être connecté en permanence, où l'on perd tout contact avec la nature et
la spiritualité au profit du matériel et de l'inhumanité. J'ai
l'impression d'être devenue une vieille aigrie, à cause de ma
sensibilité, pourtant je n'ai que 28 ans.

J'ai essayé de parler à plusieurs psys, avec plusieurs approches
différentes, et à chaque fois ça m'a fait plus de mal que de bien.

Je ne supporte rien, je suis toujours choquée du fait d'avoir quitté le
domicile familial quelques années auparavant, alors que c'était dans la
marche normale des choses. J'accepte ma condition d'hypersensible mais
je suis fatiguée de toujours devoir encaisser les petites choses de la
vie comme si il s'agissait de tempêtes. J'essaye tant bien que mal de me
créer un cadre de vie en adéquation avec moi même, mais ça prend du
temps et ce n'est pas près d'être fini (boulot stressant, mariage
houleux, appart bruyant, amitiés qui me font du mal, problèmes
financiers, etc.)

Heureusement que, grâce à mon hypersensibilité, je peux totalement
m'évader dans des mondes imaginaires qui me font un bien fou (livres,
films, paysages, jeux, ou simplement des choses issues de mon
imagination). C'est l'aspect positif que je trouve à cette condition.
Heureusement que j'ai aussi une mère sensible elle aussi qui me
comprenne et à qui je peux me dévoiler.

Bref, j'avais juste besoin de parler de ces émotions par écrit. J'ai
emprunté à la bibliothèque un livre sur l'hypersensibilité qui m'a
énervée : bien que parlant de la souffrance que cela pouvait engendrer,
il mettait surtout l'accent sur les côtés positifs de la chose, et tout
me semblait très minimisé et aseptisé. Bien entendu, ,je sais qu'il faut
rester positif et essayer de voir les bons côtés des choses, mais quand
je lis certains témoignages ici ou ailleurs je me rend compte de la
souffrance que l'hypersensibilité peut faire vivre à de nombreuses
personnes et de la difficulté que cela implique d'être hypersensible au
21ème siècle.

Je m'excuse si je me suis montrée un peu négative, mais j'avais besoin
de parler de tout cela.